Le cinéma de Joris Ivens (1898-1989) appartient à ces rares filmographies qui contiennent à elles seules une mémoire du monde. À la manière du Hollandais volant, J. Ivens a sillonné le globe pendant plus d’un demi-siècle. Au début des années 1930, ce cinéaste engagé célèbre la civilisation industrielle et le travail, aux Pays-Bas comme dans la Russie soviétique. En 1937, il est aux côtés des Républicains espagnols (le beau Terre d’Espagne, narré par Ernest Hemingway). Dans l’après-guerre, il accompagne les combats anticolonialistes, de l’Indonésie au Viêtnam, visite la Chine maoïste. Cette veine politique coexiste dès ses débuts avec un cinéma qui célèbre la poésie des villes, d’Amsterdam à Paris, de Valparaiso à Pékin. Ces deux versants, politique et poétique, se rejoignent dans un film-testament, Une histoire de vent (1988), où le cinéaste évoque avec une grande liberté sa traversée du XXe siècle.
Joris Ivens, le Hollandais volant
Joris Ivens, Cinéaste du Monde, deux coffrets, Arte éditions, 30 et 35 euros.